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Le système juridique afghan est formé de pratiques coutumiè-res, de principes de la shari‘a, de lois promulguées par l’État et denormes internationales. Cet arsenal a généralement été étudié enprêtant une attention particulière à la coexistence et/ou à laconfrontation entre systèmes de référence (par exemple Amin1993 ; Gang 2011 ; Kamali 1987 ; Wardak 2011 ; Yassari & Saboo-ry 2010), mais en négligeant le plus souvent les interrelationscréées par la fusion de pratiques, de valeurs et de modèles compor-tementaux socialement reconnus. Peu d’attention a notamment étéaccordée au rôle que jouent les systèmes coutumiers au sein de lastructure judiciaire. Une perspective dichotomique a ainsi prévaludans l’histoire du droit en Afghanistan, où l’on a opposé la « justiceformelle » à la « justice informelle », et il est rare que l’on ait tentéd’observer comment la fusion des différents systèmes de référenceengendre des syncrétismes normatifs et des formes de justice négo-ciée. Dans cet article, après avoir étudié les passages saillants desprocessus de modernisation juridique, j’essaierai de montrer queles cours de justice de Kaboul comportent un important volet cou-tumier, dont l’objectif principal consiste à légitimer le travail des juges. L’analyse de la situation actuelle, éclairée par une rechercheethnographique menée à Kaboul à partir de 2005, ne pourra êtredissociée d’une rétrospective historique tenant compte des impor-tantes transformations politico-juridiques survenues au cours descent cinquante dernières années, ponctuées par de multiples ré-formes et des changements tumultueux de régime.

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